(Sixième partie)
« Demandez et vous recevrez…. »
Millet : l’angélus
Demandez et vous recevrez : afin que votre joie soit accomplie
Bible Darby Édition 1986 : Jean XVI, 24
Demandez et vous recevrez : afin que votre joie soit en plénitude
Bible Emile Osty Édition 1974 : Jean XVI, 24
En vérité, en vérité je vous le déclare, ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom.
Bible des Moines de Maredsous Édition 1963 : Jean XVI, 24
Demandez et vous recevrez : si bien que votre joie sera parfaite.
Bible Lemaistre de Sacy Édition 1843 : Jean XVI, 24
Demandez et vous recevrez : afin que votre joie soit parfaite.
Bible A. Crampon Édition 1905 : Jean XVI, 24
Simon Selliest le 10 avril2007
Revu et complété le 5 août 2013
Note Préliminaire
Nous n’avons pas mis ces cinq versions de la traduction des Évangiles, toutes écrites par des auteurs renommés pour leur « sagesse » et leurs connaissances des textes hébraïques ou canoniques, pour mettre en exergue notre propre collection de Bibles, ce qui serait puéril et idiot, mais simplement pour montrer, une fois de plus, combien ces textes sont écrits en « langue secrète ». Cinq traductions différentes et cinq textes de compréhensions différentes…..
Faut-il, en effet que le texte d’origine(1) fut écrit dans cette « langue secrète », dont parle le Maitre Djwhal Khul(2), pour que chaque traducteur la comprenne différemment. Et nous ne parlons ici que de cinq traductions, alors qu’il est bien connu par ailleurs que le nombre de traductions des Évangiles(3) doit dépasser le chiffre de quatre mille…..
La moindre des humilités, nous rappelant que nous ne pouvons avoir que quelques fragments de « connaissance », et non pas la « Connaissance » qui nous aurait permis d’aborder cet enseignement, nous nous contenterons donc de nous baser que sur les cinq versions ci-dessus de l’Évangile de Saint Jean. Et encore en ne conservant que le début de la phrase « Demandez et vous recevrez…. »
Demandez et vous recevrez.
Il y a longtemps déjà, alors que nous parlions, entre amis, de nos interrogations philosophiques et spirituelles, comme cela nous arrivait de temps à autre, un de nos amis nous raconta, en préambule à son propos, un rêve qu’il fit, plusieurs décennies auparavant, vers les années 1975/1976.
A cette époque, comme tout homme responsable devant ses obligations de père et de mari, il bâtissait sa vie professionnelle afin d’assurer confort et sécurité matérielle à sa petite famille. Pour cela il travaillait souvent plus que de raison, et toujours à « plus d’heures » sur des chantiers difficiles et complexes, et n’avait manifestement pas le temps de se poser des questions existentielles. Questions qu’il n’aurait même pas su formuler correctement à cette époque-là. Et c’est aussi en cela que ce rêve est étonnant….
Durant les presque quarante années qui suivirent ce rêve, bien des aléas de vie, marquants ou douloureux, lui étaient survenus, et certains, fort heureusement, s’étaient perdus dans les fins fonds de sa mémoire, mais il nous certifia, en toute probité morale et intellectuelle, que ce rêve par contre, était resté gravé dans sa mémoire, durant toutes ces années, alors même qu’il n’en avait jamais parlé à personne auparavant.
Voici donc ce rêve tel qu’il nous le raconta.
<< Cette nuit-là, je rêvais que je conduisais ma voiture sur la route habituelle qui séparait mon domicile du lieu usuel de mes chantiers. Cette route était, sur un de ses tronçons, assez sinueuse et longeait un petit ravin suffisamment profond pour éviter d’y faire tomber sa voiture, car cela ne pouvait que se conclure par une mort certaine.
<< Pourtant dans mon rêve, je conduisais à vive allure sur cette route, et sans qu’aucune faute particulière de conduite ne soit faite, ma voiture quitta la route dans le pire des virages, et elle partit en vol plané dans le vide ! En une fraction de seconde, je me dis que j’allais ainsi vers une mort certaine !
<< Ayant, en l’espace d’un éclair prit conscience de cela, je vis apparaître dans le ciel devant moi, une immense clarté blanche et éblouissante, qui m’attirait à elle, et de fait je me dirigeais vers elle à toute vitesse.
<< La sensation de cette puissante et irrésistible attraction, la puissance de l’intensité de cette immense clarté, et la certitude que si j’y entrais je serais immédiatement « dissous en elle », me fit ressentir une peur indescriptible (peur que je ressens encore à chaque fois que j’y repense). Cette peur fut telle, que je me suis réveillé en sursaut, bondissant hors de mon lit, hagard et hébété, en sueur et tremblant de tous mes membres.
<< Ayant réalisé que je me trouvais tout à fait en sécurité dans ma chambre à coucher, je me suis recouché, et malgré l’heure plus que matinale et tous mes efforts pour me rendormir, le sommeil ne revint jamais cette nuit-là…..
Le récit terminé, il resta muet quelques temps, et nous sentîmes alors combien ce choc émotionnel était encore palpable chez lui. Nous laissâmes donc perdurer son silence jusqu’au moment où il reprit la parole.
<< Sur le moment et pendant les années qui suivirent, j’ai interprété ce rêve comme étant l’avertissement prémonitoire d’un terrible accident, et chaque fois que je prenais cette route, je conduisais très, très prudemment ! Pourtant, aucun accident de la route, fort heureusement, ne me survint à cet endroit…. Ni ailleurs non plus !
<< Puis quand, par la force de la Destinée, j’ai commencé à m’intéresser à une autre vision de la vie, j’ai alors pensé que ce rêve symbolisait une « mort » personnelle à un mode de vie et de pensée, pour renaitre à d’autres façons de concevoir les choses de la Vie et de la Mort…..
<< J’en serais sûrement resté là de mes réflexions, si plusieurs « incitations occultes » ne m’avaient conduit à m’intéresser au bouddhisme tibétain. C’est ainsi que deux livres, parmi d’autres, me parvinrent entre les mains et me firent prendre conscience de l’enseignement que j’avais reçu cette nuit là… >>
Ces deux livres-là, il nous en avait déjà parlé, et certains d’entre nous les avaient aussi lus dans le cadre de leurs propres recherches. Et nous, nous faisions partie de ce dernier groupe.
Ce qui, tout au moins nous nous permettons de le penser, nous autorise à reprendre le propos à notre propre compte, soulageant ainsi notre ami, de l’obligation toujours un peu gênante, d’avoir à s’impliquer un peu plus dans ce texte.
Voici d’abord le passage du livre de Bokar Rimpotché, qui « illumina » d’abord ce rêve en le faisant apparaître sous un aspect bien différent de celui qui paraissait jusqu’alors logique.
Voyons le processus des trois bardos de la mort.
1° – Le bardo du moment de la mort
Notre corps est composé des quatre éléments, répartis de la manière suivante :
– la chair, les os, les constituants solides forment l’élément terre ;
– le sang, le phlegme, les différents liquides forment l’élément eau ;
– la température forme l’élément feu ;
– le processus respiratoire forme l’élément air.
Au moment de la mort, ces éléments se résorbent les uns dans les autres, donnant lieu à une double série de phénomènes, extérieurs et intérieurs.
En premier lieu, l’élément terre se résorbe dans l’élément eau. Extérieurement, les membres deviennent incapables de se mouvoir. Intérieurement, l’esprit voit comme des mirages.
L’élément eau se résorbe ensuite dans l’élément feu. Extérieurement la bouche et la langue deviennent sèches. Intérieurement, on perçoit des fumées qui passent ou qui s’élèvent.
Lorsque l’élément feu se résorbe dans l’élément air, extérieurement la chaleur quitte les membres, depuis les extrémités vers le centre. Intérieurement apparaît une multitude d’étincelles.
Puis, l’élément air se résorbe dans la conscience individuelle. Extérieurement, la respiration cesse. Intérieurement on voit comme des flammes de lampes à beurre qui vacillent.
A ce processus de résorption graduelle des quatre éléments succède le processus des trois chemins, concomitant avec une phase appelée apparition-extension-obtention.
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Tout d’abord, la conscience individuelle se résorbe dans l’apparition.. Au même moment le tiglé blanc du principe masculin, situé au sommet de la tête, descend jusqu’au cœur. Cette phase est appelée le chemin blanc. Intérieurement, une grande luminosité blanche envahit l’esprit.
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En second lieu, l’apparition se résorbe dans l’extension. Le tiglé rouge du principe féminin, situé à la base du tronc, monte jusqu’au cœur. C’est le chemin rouge, caractérisé par la manifestation d’une grande luminosité rouge.
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Enfin, le principe masculin blanc et le principe féminin rouge se joignent dans le cœur. C’est le chemin noir. L’esprit, pendant un instant, fait l’expérience de la vacuité, puis tombe dans l’obscurité.
……………………….
(Quand) l’extension se résorbe dans l’obtention. L’extension entame le processus d’absorption dans le potentiel de conscience.
Lorsque l’absorption est complète, c’est « l’obtention-de-claire-lumière », ou encore « la claire lumière du mode d’être fondamental ». En fait, ce n’est vraiment la claire lumière que si elle est identifiée. Sinon c’est simplement l’ignorance, l’obscurité inconsciente.
Bokar Rimpotché : « Mort et Art de mourir » édition 2000, pages 14-15 et 17
Un minimum d’esprit critique montre à l’évidence, que même si ce que dit Bokar Rimpotché est véridique, il est difficile de rapprocher sans quelques nuances, ses écrits de la vison de mon ami.
Ce dernier avait eu certes, une vision qui avait toutes les apparences de la description faite de la Claire Lumière (ou esprit fondamental) dans les différents textes du bouddhisme tibétain, mais il avait vu cette « Claire Lumière » en rêve, en étant endormi, en étant en vie… et non pas alors qu’il était en train de mourir réellement !
Et c’est là que nous voyons combien les enseignements nous sont donnés au fur et à mesure que nous les méritons par notre travail personnel, par nos lectures, par nos études, par nos efforts constants de recherche et nos prières d’aide à notre Égrégore, afin qu’il soit permis à notre pauvre entendement de comprendre quelques fragments des mystères des choses de la Vie et de la Mort.
Car enfin, comment imaginer ce qu’est cette « Claire Lumière » si on ne l’a jamais vu ? Comment un aveugle de naissance pourrait-il hélas, savoir ce qu’est la lumière du soleil ? Et ce point est extraordinairement important, car le bouddhisme tibétain insiste par ailleurs longuement, sur le fait que voir cette Claire Lumière alors que le processus de sa mort est en train de se dérouler, et surtout la reconnaître sans crainte ni appréhension, peut permette d’atteindre l’état de bouddhéité(4) :
« Si on reconnaît cette dernière (la Claire Lumière fondamentale) on dit alors que la claire lumière fille et la Claire Lumière Mère se rencontrent, ce qui signifie que l’expérience de la claire lumière du chemin s’épanche dans la lumière fondamentale. C’est ce que l’on appelle devenir Bouddha dans le premier bardo. »
Bokar Rimpotché : « Mort et Art de mourir » édition 2000, pages 18.