Simon Selliest le 15 avril 2010
Revu et complété le 15 mai 2010
Nous ne ferons pas l’outrage à ceux qui veulent bien nous lire de leur expliquer l’origine du mot « philosophie ». Un brave professeur, quelque peu chenu, a dû leur dire lors de leur premier cours de philo, comme il le faisait depuis plus de trente ans à des « ignares boutonneux et rigolards », que ce mot venait du grec : « philos » et « sophia », ce qui peut se traduire par « amis de la sagesse » (avec un « s » minuscule).
Mais pour ceux qui, comme nous, ont peut-être eu un moment d’inattention, ou une légère distraction durant ce cours de philosophie, plus préoccupés sans doute par leur dernier cours de math, nous ne pouvons que leur conseiller de se référer à l’indispensable Wikipedia: (http://fr.wikipedia.org/wiki/Philosophie ).
Par contre, si on y ajoute le qualificatif « Hermétique » (avec un « H » majuscule), cela mérite peut-être quelques lignes d’explication.
Le mot « hermétique » a été formé du nom « d’Hermès », homme fait dieu de la mythologie grecque, que les Romains rebaptisèrent « Mercure », et dont les différentes « explications » faites sur son origine ont fait qu’à présent, plus personne n’en connaît l’origine… F. Noël, dans son irremplaçable « Dictionnaire de la Fable » édition 1823, ne consacre pas moins de huit colonnes à ce dieu polymorphe aux multiples fonctions et aux non moins nombreux attributs. Disons donc simplement qu’Hermès était considéré, entre autre, comme le dieu des Arts et des Lettres, de la Musique, du Langage…etc., et surtout celui de la « maîtrise du langage et de l’éloquence ». C’est sans doute cette dernière qualité qui fit que les anciens Philosophes Hermétiques se sont référé de son nom, pour indiquer que leurs écrits devaient être lus avec un état d’esprit particulier. Comme par ailleurs certaines des autres fonctions d’Hermès indiquait le caractère holistique de ses enseignements, cela allait donc dans le même sens que ce qu’ils voulaient eux-mêmes enseigner.
Par la suite, comme leurs textes étaient « impénétrables » (au sens de « incompréhensibles ») pour le commun des mortels, le langage populaire baptisa « d’hermétique » tout ce qui n’était pas directement compréhensible, ou directement accessible par l’esprit, ou encore « pénétrable » par l’esprit… C’est ainsi que d’extrapolation en extrapolation, le langage courant n’hésite pas à qualifier à présent, toutes sortes de dispositifs étanches, « impénétrables » physiquement ou matériellement, comme étant « hermétiques ». Ainsi par exemple les « boites hermétiques » d’une célèbre marque anglo-saxonne bien connue des ménagères pour ses ventes par relations, alors même qu’elles n’ont strictement rien de commun avec la Philosophie éponyme… et par une curieuse inversion des qualifications, la Philosophie Hermétique est devenus dans l’esprit du commun des mortels, quelque chose de parfaitement « étanche » dans le sens « d’impénétrable intellectuellement et matériellement » et même physiquement !!! Un peu comme les boites hermétiques, en quelque sorte, qui de ce fait servent de symbolisme à cette philosophie…..
Hermétiques donc, ces textes le sont, non pas par leur rareté, ou par le fait qu’ils demeurent cachés dans le secret de quelques mystérieuses bibliothèques, ou qu’ils soient fermés hermétiquement par un mystérieux dispositif étanche…. Mais tout « simplement », s’il nous est permis de nous exprimer ainsi, leur enseignement est « scellé » – certains Philosophes écrivant « stellée », non sans de bonnes raisons, y compris celles d’assonance – du fait de la forme polysémique de leur écriture. Cette écriture dont il faut d’abord déchiffrer un à un les différents niveaux de compréhension, avant de trouver les bonnes associations d’idées conduisant à la compréhension finale et totale de l’enseignement qu’elle donne.
Les Anciens, « Sages » parmi les « sages », l’ont aussi appelé « l’Art Royal » (avec selon leur accoutumé sens de l’humour, un magnifique sous entendu sur le mot « Royal(1) ».
Et comme apparemment, il devait leur rester encore un peu de temps dans leurs études pourtant déjà bien abscondes et fort ingrates, Ils inclurent dans cet Art Royal :
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L’Astrologie, qui a leur époque se confondait avec l’astronomie.
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La Médecine, écrite avec un « M » majuscule, car Elle ne soignait pas que le corps, mais aussi et surtout l’âme (dans le sens de l’évolution spirituelle).
Cette Philosophie Hermétique là, est à la base de toutes les religions, de tous les mythes et de tous les mystes, grands ou petits, de la plupart des contes et légendes. Dans l’antiquité, seuls quelques rares « initiés(2) », soigneusement sélectionnés au terme de longues épreuves physiques et morales (dont la moindre d’entre elles tuerait sans coup férir, nos chères petites têtes blondes (les non moins chères têtes brunes aussi d’ailleurs…), pouvaient prétendre à son enseignement. Elle fut selon les époques soigneusement gardée dans les plus secrets des Temples, ou des abbayes (surtout chez les Bénédictins, Franciscains, Dominicains et plus tard chez les Jésuites), ou largement utilisée par « l’intelligencia » et les beaux esprits du moment, pour étaler leur culture, ou pour dévoiler ce que l’Eglise cachait jalousement (comme l’évolution à travers les vies multiples que les spirites devraient bien connaître), le tout en racontant une histoire parfois simpliste.
A ce sujet, nous ne saurions trop vous recommander de relire ou de lire tout le chapitre III du Mystère des cathédrales (page 55 à 58 inclus), consacré par Fulcanelli à l’Art Goth qui donna plus tard « l’argot » ou langage populaire.
Parmi toutes ces historiettes, ces légendes ou ces mythes, il est possible de citer :
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certaines fables de La Fontaine,
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les Contes de Perrault,
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le mythe de la Tarasque assagie par Marthe avec un peu d’eau bénite, près de Tarascon,
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l’utilisation des bougies vertes dans certaines églises, comme l’abbaye de Saint Victor à Marseille,
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la fête des fous chère à nos aïeuls,
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le « mystère » des Vierges noires, toujours placées dans une crypte souterraine, alors que les Vierges « blanches » sont exposées au meilleur endroit des églises baptisées « Notre Dame de … »
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l’histoire de Jason et des argonautes,
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la légende du roi Arthur,
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le pèlerinage à Compostelle,
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Etc.